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Actualité volcanique, Articles de fond sur étude de volcan, tectonique, récits et photos de voyage

Les sept risques volcaniques - 2°partie.

            Deuxième partie du dossiers : les risques secondaires.                                       

 

 

                                      5.  les lahars

 

Après les risques directs, nous envisageons les risques secondaires : le plus courant d’entre eux, c’est le risque de lahar .

 

Redoubt-23.03.jpg          Alaska - Redoubt - lahars et dépôts - photo AVO/USGS. 23.03.2009

 

Ce terme, d’origine indonésienne, qualifie une coulée de boue ou une coulée de débris,  résultant de la conjonction de la présence de matériaux volcaniques instables et de leur remobilisation à la suite d’un séisme, d’un éboulement ou de diverses causes météorologiques.

Dans le cas d’apports d’eaux, celles-ci peuvent avoir des origines diverses : une origine volcanique ( magmatique, phréatique ou fumerollienne), une rupture des rebords d’un lac de cratère, la fonte des neiges ou du glacier sommital, des pluies plus ou moins importantes.

Les lahars se déversent de façon privilégiées dans les rivières drainant le volcan ; mais ils peuvent aussi inciser une nouvelle vallée dans les matériaux meubles ou en combler une ancienne.

 

Sleman-03.11.10-Sonny-Tumbelaka---AFP.jpg

Un lahar récent dans la province de Sléman, sur les flancs du Mérapi (Indonésie) - photo Sonny Tumbalaka / AFP le 03.11.2010

 

Les lahars contiennent une forte concentration de débris rocheux originaires des flancs du volcan et possèdent un énorme pouvoir destructeur.Si la concentration en sédiments excède 20 % du volume total de l’écoulement, ce dernier est qualifié d’hyperconcentré ; si cette proportion dépasse les 60%, on parle alors de coulée de débris. Les lahars peuvent aussi prendre la forme de coulées de boue si leur proportion d’argile est forte.

Leur température reste faible, sauf en cas de matériaux volcaniques récents et encore chauds. Ils se déplacent  à une vitesse de 15 à 30 km/h. avec un débit de pointe variant entre 200 et 1.200 m³/seconde, laissant après leur passage, une étendue boueuse, d’une épaisseur moyenne de 1,5-3 mètres. Les dépôts peuvent être beaucoup plus épais, comme en témoigne le Plateau de Perrier, dans le Mont-Dore (France), où un empilement de lahars indurés forme une falaise de 100 mètres, renfermant une riche faune préhistorique.

Les coulées de débris peuvent voyager sur de grandes distances, avec un front de coulée se déplaçant jusqu’à 85 km/h. Un exemple avec la coulée de débris provoquée par l’éruption du Cotopaxi, en Equateur, en 1877, qui a parcouru plus de 320 km à une vitesse moyenne de 27 km/h. (McDonald 1972).

 

Le risque majeur pour la vie humaine est l’ensevelissement et l’impaction par des rochers et débris ; suivent les brûlures en cas de coulées chaudes.

La population peut échapper au flux, si elle est avertie à temps, en grimpant sur des hauteurs plutôt que d’essayer de devancer les coulées en empruntant le fond des vallées.

Les dégâts matériels sont considérables ; les bâtiments et autres biens peuvent être détruits, enterrés ou emportés. Les couches de boue et de débris laissées en place se compactent et durcissent rapidement ensuite.

 

Quelques exemples :

 

map_ruiz_hazard_zones.gif

La dernière grande catastrophe engendrée par des lahars date du 13 novembre 1985, à Armero, en Colombie, faisant 25.000 morts. L’éruption du volcan Nevado del Ruiz a consisté en une phase plinienne peu importante mais qui a causé quatre lahars principaux à la suite de la fusion d’une partie des glaciers sommitaux et la formation de poches d’eaux sous-glaciaires brutalement libérées. Ils atteignirent Chinchina, à 60 km. à l’ouest, et Armero et Mariquita, respectivement à 60 et 80 km. sur les flancs E et NE très raides. Au niveau d’Armero, la vague avait encore 2 à 5 m. d’épaisseur pour un débit de 8m./sec., ce qui explique la destruction de la ville.

 

Ruiz85_aerial_lahar_armero_12-09-85_med.jpg

                        Armero, rasée par les lahars - photo USGS 09.12.1985

Omayra-Sanchez-13-year-old-victim-of-the-eruption-of-the-Ne.jpgUne photo qui a fait "la une" à l'époque : Omayra Sanchez, une fillette âgée de 13 ans, a agonisé, sans pouvoir être libérée, durant trois jours dans les boues consécutives à l'éruption du volcan Nevado del Ruiz. - non référencée.

 

L’éruption du Pinatubo, aux Philippines, qui a débuté en avril 1991 et a duré plus d’une année, a émis une grande quantité de dépôts volcaniques non stabilisés. Le 14 juin, le typhon « Yunya » est passé sur l’île de Luzon suivis d’autres typhons en juillet … déclenchant à chaque fois des lahars importants. Le phénomène s’est reproduit à chaque saison des pluies, à chaque passage de typhon, et  ce pendant plusieurs décennies.

 

Lahar_Mount_Pinatubo---Neureiter.JPG            Philippines - Volcan Pinatubo - dépôts de lahars - photo Neureiter.

 

Les volcans sous-glaciaires engendrent des lahars particuliers, des débâcles glaciaires, appelés "jökulhlaup" (littéralement "course glaciaire")

L’exemple de l’éruption du volcan islandais Katla, sous le glacier Myrdalsjökull, a eu ce type de conséquence.

 

CEN213-47-a.jpg

De même,  en 1996, sous le Vanatjökull : la chaleur dégagée par le volcan a provoqué la fonte d’une grande quantité de glace et augmenté le volume du lac Grimsvötn, situé au milieu du glacier, faisant passer sa surface de 12 à 40 km². Trois km³ d’eau sous pression se sont infiltrés sous le glacier, et ont été brusquement libérés trois semaines après la fin de l’éruption. Le 5 novembre, se produisit un jökulhlaup entraînant des blocs de roches et de glace … le formidable débit culmina à 55.000 M²/sec. emportant routes, ponts et maisons. La crue brutale avait cessé le surlendemain en laissant une étendue noire et vaseuse, nauséabonde, mais ne faisant pas de victimes.

 

Sources :

- Volcanologie de J-M.Bardintzeff - éd.Dunod

- USGS - Debris flows, mudflows, jökulhlaups and lahars.

- Fiche scientifique L.A.V.E. - Nevado del Ruiz, des lahars dans la ville

- un lahar à la loupe : les lahars du volcan Semeru.

 

          6. les glissements de terrains - les avalanches de débris.

 

Une avalanche de débris est un phénomène catastrophique qui affecte un volcan, qu’il soit en éruption ou non.

Il s'agit de l'effondrement d'un flanc entier d'un édifice volcanique qui peut avoir plusieurs origines distinctes :

- l'effondrement d'une partie de l'édifice est peut être liée à la remontée d'un volume de magma qui, une fois à l'intérieur du volcan, se stocke et forme une poche qui déforme et déstabilise l'édifice. Lorsque l'instabilité est trop grande, le morceau de volcan déformé se détache et glisse, libérant la poche qui "explose". Le souffle de cette explosion, chargé de cendres, est nommé "blast" . Il peut détruire des surfaces assez vastes (600 km² environ pour le Mont St Helens en 1980, et environ 500 km² pour le Bezymianny en 1956).

- l'effondrement peut se faire de manière passive, sans la moindre intrusion magmatique et sans la moindre activité volcanique.

 

crateres-sommitaux-et-Valle-del-bove-copie-2.jpg                                Etna : cratères sommitaux et Valle del Bove - image ASTER.


De nombreux volcans dissymétriques présentent une instabilité sectorielle et des marques de glissements de terrain : La Valle del Bove sur l’Etna, la Sciarra del Fuoco sur l’île de Stromboli, le Piton de La Fournaise et le Kilauea sur Hawaii .

Toutes choses étant égales, un volcan présente une instabilité supérieure à une montagne de même gabarit ; différentes fractures et des niveaux hydrothermalisés constituent des niveaux de glissements privilégiés, favorisés par les micro-séismes.

L’établissement des cartes de risques nécessite de prendre en compte différents facteurs : la pente et le dénivelé, l’orientation, la lithologie et les discontinuités, le climat, la végétation.

 

08.1980-USGS.jpgMt St Helens , l'avalanche de débris ponctuée de petits lacs colorés différemment selon la composition chimique des eaux - photo Lyn Topinka /USGS - 08.08.1981

 

L’éruption du mont St Helens illustre bien le cas d’un effondrement consécutif à une intrusion magmatique :

msh_N-S_1980_xsec.gif

                                          Coupe du Mont St Helens - doc. USGS Lyn Topinka.

 

Depuis le mois d’avril, les géologues avaient averti du danger de ce bombement et des risques de glissements de terrain pouvant générer une éruption.


250px-StHelen eruption sequence 1-2

Déroulement de la séquence éruptive - doc. J.Dréo

S : dôme sommital - G: Goat dome - C: cryptodôme (intrusion) - L: Glissement de terrain (Landslide) - E : phase primaire de l'éruption.

 

Le 18 mai, à 8 h 32, sans crier gare, un tremblement de terre de magnitude 5,1fait s'effondrer, environ 10 secondes après (entre 7 et 20 secondes)  , la face nord de la montagne  . C'est l'un des plus grands glissements de terrain connus de l'histoire. Il progresse à vive allure, entre 175 et 250 km/h, et traverse le bras ouest du lac Spirit ; une partie du glissement atteint une crête de 350 m de haut à quelque 9,5 km au nord  . Une partie du glissement passe par dessus la crête, mais la majeure partie s'écoule 21 km en contrebas, le long de la North Fork Toutle river, recouvrant la vallée d'une couche de débris épaisse de plus de 180 m. Une surface de près de 62 km² est recouverte et le volume total des dépôts atteint 2,9 km³.

La majeure partie de l'ancienne face nord du mont Saint Helens n'est plus qu'un amas de gravats de 27 km de long, pour une épaisseur moyenne de 46 m. L'effondrement, épais de 1,6 km au niveau du lac Spirit, s'affine dans son extrémité occidentale. L'eau du lac Spirit, temporairement déplacée par le glissement de terrain, génère une vague de 180 m de haut qui va s'écraser contre la crête au nord du lac et ajoute 90 m de gravats à l’ancien lit du lac, élevant sa surface de près de 60 m.

 

may18_devastmap.gifCarte des dévastations liées à l'éruption de 1980 - importance relative de la zone de blast (jaune) par rapport à la zone d'avalanche de débris (brun hachuré) - doc. USGS

 

S.W.Kieffer-USGS.jpg                             Un arbre déchiqueté par la puissance du blast - photo S.W.Kieffer / USGS

 

Sources :

- Volcanologie - J-M.Bardintzeff - éd.Dunod

- USGS / CVO - Cascades Volcano Observatory - St Helens

- USGS special report : eruptions of mount St Helens, past, present, and future.

- USGS Mount St Helens may 18, 1980 eruption

 

 

                                          7. Les tsunamis.

 

Le terme tsunami (津波, tsunami) est un mot japonais composé de tsu (, tsu), « port », « gué », et de nami (, nami), « vague» ; il signifie littéralement « vague portuaire ». Elle fut nommée ainsi par les pêcheurs qui, n'ayant rien perçu d'anormal au large, retrouvaient leur ville portuaire ravagée.

 

 Un tsunami est créé lorsqu'une grande masse d'eau est déplacée, lors de phénomènes éruptifs ou tectoniques :

 

causes_md.jpgIl peut être provoqué par une éruption explosive, qui se déclenche près des côtes, comme c’est le cas d’éruption sur une île ou encore d’éruption sous-marine, avec une modification brusque de la topographie locale et production de vagues de grande ampleur.

Cela peut être aussi le cas lors d'un séisme important, d'une magnitude de 6.3 (valeur "seuil" d'après les catalogues de tsunamis disponibles: NOAA, catalogue de Novosibirsk, etc) ou plus, lorsque le niveau du plancher océanique le long d'une faille s'abaisse ou s'élève brutalement, lors d'un glissement de terrain côtier ou sous-marin, plus rarement lors d'un impact par un astéroïde ou une comète.

Un fort séisme ne produit pas nécessairement un tsunami : tout dépend de la manière (vitesse, surface, etc) avec laquelle la topographie sous-marine (bathymétrie) évolue aux alentours de la faille et transmet la déformation à la colonne d'eau sus-jacente.

 

 

tsunami--globalsecurity.jpg      En approchant des côtes, la profondeur d'eau, la vitesse de la vague et la longueur de l'onde se modifient  - doc. Globalsecurity.

 

tsunami---Ac-Clermont.fr.jpg                                                         Doc. AC-Clermont.fr / SVT

Le mouvement de l'eau provoque un mouvement de grande longueur d’onde (généralement quelques centaines de kilomètres) et de grande période (quelques minutes dans le cas d'un glissement de terrain à quelques dizaines de minutes dans le cas d'un séisme).

Certains tsunamis sont capables de se propager sur des distances de plusieurs milliers de kilomètres et d'atteindre l'ensemble des côtes d'un océan en moins d'une journée. Ces tsunamis de grande étendue sont généralement d'origine tectonique, car les glissements de terrain et les explosions volcaniques produisent généralement des ondes de plus courte longueur d'onde qui se dissipent rapidement.

 

Une carte de risques a été établie, montrant la corrélation avec les zones de séismes sous-marins, les zones de subduction et partant les chaines volcaniques associées. A noter : toute la Méditerannée et la France, sont en zone de risque "modéré".

 

a3m_tsunami_risk_high.jpg


Quelques exemples liés aux éruptions :

L’éruption du Santorin en mer Egée, datée de 1645 avant JC. a réduit l’île du même nom à un anneau fragmenté autour d’une caldeira elliptique de 8 km. sur 5 et profonde de 600 mètres. Les produits de l’éruption ont recouvert la Grèce, la Crête et toute la mer Egée, des cendres atteignant l’Egypte … le volume émis est estimé à 100 km³. La mer a rempli la gigantesque dépression creusée par l’éruption pour former dans un deuxième temps un raz de marée, un tsunami qui a atteint la Crête, île distante de 120 km. La hauteur de la vague était de 200 mètres, comme en témoigne les niveaux de ponces flottées retrouvées sur des îles avoisinantes. Ce tsunami aurait pu être la cause de la soudaine disparition de la civilisation minoenne, à l’origine de la légende de l’Atlantide rapportée par Platon.

 

Un autre exemple souvent évoqué est l’éruption en août 1883 du Krakatau, situé sur une île du détroit de La Sonde entre Java et Sumatra. Cette éruption a été interprétée par divers scientifiques qui lui reconnaissent trois phases successives : 1. une éruption plinienne – 2. un tsunami majeur accompagné d’une onde acoustique – 3. une éruption ignimbritique.

Au total, cette éruption a fait 36.147 victimes ; les vagues engendrées par l’éruption ont traversé le Pacifique et l’Atlantique, pour ce faire détecter par les enregistreurs de marée dans le Golfe de Gascogne, situé à 17.000 km de l’île de Krakatau. Pour l’anecdote, on retrouva le Berouw, un bateau à vapeur, à 2.500 mètres à l’intérieur des terres.

 

Effect Krakatau 1883 Eruption           Dommages proximaux et zones concernées par l'éruption du Krakatau en 1883.

 

Un cas de tsunami  "interne" : durant l’éruption du St Helens en 1980, l’avalanche de débris se précipitant dans le Spirit Lake a généré une vague de 260m. de hauteur et relevé le niveau du lac de 60 mètres.

 

Spirit-lake---1988-Swisseduc.jpgLe cône éventré du St Helens et le Sprit Lake recouvert de troncs - photo prise par Swisseduc / Stromboli on line en 88, huit ans après l'éruption -  avec l'aimable autorisation de Marco Fulle.

 

Des tsunamis liés à la tectonique :

Les tsunamis liés à des évènements tectoniques en 2010 :

Chili 27.02 - Sumatra 06.04 - Mentawai 25.10 - Izu-Bonin islands 21.12.

 

L’important séisme, qui a frappé le Chili en février 2010, a engendré un tsunami qui a fait plus de 500 morts au Chili lui-même et a touché l’ensemble des côtes atlantiques.

 

800px-2010_Chile_earthquake_NOAA_tsunami_projection_2010-02.jpg Carte prévisionnelle d'amplitude (en cm.) de tsunami après le séisme de M 8,8 sur le Chili le 27 février 2010 - Doc. NOAA - US.

 

Trente minutes après la première secousse, le tsunami consécutif a touché Constitucion et Valparaiso, où fut constatée une amplitude de 2,6 mètres. L'archipel Juan Fernandez (île Robinson Crusoe) fut atteint par une vague importante et on y dénombra 4 morts; L'île de Pâques, située à 3510 km, où une évacuation partielle avait été ordonnée, ne fut par contre touchée que par une vague de 35 cm. à 12h.05.

 

Parmi les plus meurtriers, le tsunami consécutif au séisme majeur qui toucha Sumatra en 2004 : ce tsunami tua plus de 200.000 personnes dont beaucoup ne purent être retrouvées ou identifiées. Il toucha tout l’océan Indien, affectant l’Australie, la Thailande, le Sri Lanka, Singapour, les côtes indiennes et aussi Madagascar, la côte Tanzanienne et Somalienne.

 

26.12.2004-tsunami-Ao-Nang-Thailande---ph.David-Rydevik-Swe.jpg                         Le tsunami à Ao Nang / Thailande - photo David Rydevik (Sweden).

Ci-dessous : Banda Aceh - Sumatra - photos prises avant et après le tsunami, par le satellite QuickBird / doc. Digital Globe.

 

time before lgtime_after_lg.jpg

 

 

 

 

 

 

 

Dégâts et prévention :

Les victimes emportées par un tsunami peuvent recevoir divers coups par les objets charriés (morceaux d'habitations détruites, bateaux, voitures, etc.) ou être projetées violemment contre des objets terrestres (mobilier urbain, arbres, etc.) : ces coups peuvent être mortels ou provoquer une perte des capacités, menant à la noyade. Certaines victimes peuvent aussi être piégées sous les décombres d'habitations. Enfin, le reflux du tsunami est capable d'emmener des personnes au large, où elles dérivent et, sans secours, meurent de noyade d'épuisement ou de soif.

Dans les jours et les semaines suivant l'événement, le bilan peut s'alourdir, en particulier dans les pays pauvres. L'après-tsunami peut être plus mortel que la vague elle-même. Les maladies liées à la putréfaction de cadavres, à la contamination de l'eau potable et à la péremption des aliments sont susceptibles de faire leur apparition. La faim peut survenir en cas de destruction des récoltes et des stocks alimentaires.

 

Les tsunamis sont susceptibles de détruire habitations, infrastructures et flore en raison :

- du fort courant qui emporte les structures peu ancrées dans le sol 

- de l'inondation qui fragilise les fondations des habitations, parfois déjà atteintes par le tremblement de terre précédant le tsunami 

- de dégradations dues aux chocs d'objets charriés à grande vitesse par la crue.

De plus, dans les régions plates, la stagnation d'eaux maritimes saumâtres peut porter un coup fatal à la faune et à la flore côtières, ainsi qu'aux récoltes. Sur les côtes sableuses ou marécageuses, le profil du rivage peut être modifié par la vague et une partie des terres, immergées.

Ils engendrent des pollutions induites par la destruction d'installations dangereuses et de dispersion de toxiques, d'agents pathogènes  à partir de ces installations (usines, décharges sous-marines..) ou par dispersion de sédiments pollués (estuaires, ports, en aval d'émissaires industriels, décharges sous-marines ou littorales). Lors du tsunami du 26 décembre 2004, un dépôt de munitions immergées a par exemple été dispersé sur les fonds marins sur de grandes distances. Il existe plusieurs centaines de décharges sous-marines dans le monde, contenant notamment des déchets nucléaires et des déchets militaires ou industriels hautement toxiques.

Les récifs coralliens peuvent également être disloqués et mis à mal par le tsunami lui-même et par la turbidité de l'eau qui peut s'ensuivre les semaines suivantes, ainsi que par les polluants que l'eau a pu ramener.

 

 

tsunami-USGS.gifIl suffit généralement de s'éloigner de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres des côtes ou d'atteindre un promontoire de quelques mètres à quelques dizaines de mètres pour être épargné. La mise à l'abri ne prend donc que quelques minutes à un quart d'heure, aussi un système d'alerte au tsunami  permet-il d'éviter la plupart des pertes humaines.

 

Un système de bouées adaptées à la réception des mouvements (capteurs de pression disposés sur les fonds océaniques) peut être installé le long des côtes et ainsi prévenir du danger (Système DART / NOAA)

Un dispositif de surveillance et d'alerte, utilisant une maille de sondes subocéaniques et traquant les séismes potentiellement déclencheurs de tsunamis, permet d'alerter les populations et les plagistes de l'arrivée d'un tsunami dans les pays donnant sur l'océan Pacifique : le Centre d'alerte des tsunamis dans le Pacifique, basé sur la plage d'Ewa à Hawaii, non loin d'Honolulu.

Il faut aussi sensibiliser les populations aux gestes utiles et équiper toutes les zones critiques de moyens de détection et prévention.

Le NOAA - National Oceanic and Atmospheric Administration -, et le NSF - National Science foundation, organismes gouvernementaux américains, possèdent des laboratoires où ils étudient et modélisent les vagues et leurs effets destructeurs.

 

tsunami-NSF.jpgModélisation en bassin d'un tsunami - Credit: Daniel T. Cox, Oregon State University  OSU -  NSF.gov

 

 

Un excellent document mis en ligne par l'INGV le 28.01.2011 :

 

 

 

Sources:

- NOAA Tsunami website

- NOAA's National weather service - Pacific tsunami warning center

- NSF - National science Foundation - After the tsunami

- NSF - Building tsunami resistant cities

- USGS - Surviving a tsunami 

 

 

                                                   Aléas et risques.

 

Une éruption volcanique est un des plus envoûtant spectacle auquel on peut assister, c’est aussi un des phénomènes les plus destructeurs parmi ceux qui frappent notre planète.

Le 20° siècle a été ponctué d’éruptions destructrices qui ont coûté le vie à des dizaines de milliers de personnes et qui ont dévasté des régions entières.

Quelques dates : (liste non limitative)

- La Martinique, éruption de la Montagne Pelée en 1902 – 28.000 morts.

- Papouasie – Nouvelle-Guinée - Mont Lamington en 1951.

- Costa-Rica – éruption de l’Arenal en 1968 - 78 tués.

- USA – éruption du St Helens en 1980.

- Mexique – El Chichon en 1982 - 2.500 morts.

- Colombie – Nevado del Ruiz  en 1985 – 22.000 morts.

- Papouasie – Nouvelle-Guinée – Rabaul en 1995-97.

- Montserrat – Soufrière Hills en 1995-en cours.

 

montserrat-eruption 12.07.97 RP Hoblitt USGS

               Montserrat - Plymouth sous Soufrière Hills - photo R.P.Hobblitt / USGS.

 

Le nombre total de décès au cours du siècle survenus à la suite d’éruptions volcaniques se chiffre à 75.000.

 

Comment quantifier le risque volcanique ?

 

Un risque, quel qu’il soit, dépend directement de l’intensité et de la fréquence du phénomène envisagé. Le risque correspond à la perte potentielle dans une zone sujette à l’aléa …


                       Risque = aléa x valeur x vulnérabilité .

 

Cette équation appliquée au volcanisme nous fait définir le risque volcanique comme la menace qui existe quand le volcan n'est pas encore réveillé ou n'est pas encore entré en activité. Par exemple, quand un volcan actif se trouve à proximité d'une zone habitée, on étudie les risques courus par les habitants afin d'éviter qu'ils se produisent. On surveille tout le temps le volcan parce qu'on sait que l'éruption peut mettre la vie des habitants en danger. Pour résumer, on peut dire que le risque volcanique, c'est ce qui peut arriver, mais qu'on peut éviter ou limiter.

On parle d’aléa pour décrire les conséquences. Ici, l’éruption a eu lieu et a provoqué des dégâts. Les aléas des volcans sont très nombreux. On a, par exemple, les pluies de cendres, des émissions de gaz toxiques, des coulées de lave incandescentes, etc. Les aléas ne peuvent pas être évités si on n’a pas étudié et prévenu les risques au préalable.

 

La notion de valeur peut s’exprimer par le nombre de vies humaines, l’ensemble des biens mobiliers et immobiliers et les capacités de production exposés … auxquels il faut ajouter le préjudice psychologique.

 

La vulnérabilité est la possibilité d'endommagement partiel ou total.

 

La notion de risque intervient à plusieurs niveaux :

-  au moment de l’éruption et directement à cause de celle-ci

-  lors de phénomènes induits : on parle de risques secondaires, tels que lahars ou tsunamis.

-  des causes liées à l’occupation et aux activités humaines peuvent faire varier les bilans : incendie, famine, modification des équilibres écologiques. Un exemple avec l’éruption du Santa Maria en 1902 : à la suite de la mort de nombreux oiseaux, les moustiques, sans prédateurs, ont proliféré, causant une épidémie grave de malaria, qui a tué plus de personnes que l’éruption elle-même.


décès dus aux eruptions

                   Doc. extrait de Futura Sciences - Le volcanisme de A à Z.

 

L’examen de ces diagrammes nous fait constater une diminution des risques de famine, suite à de meilleures pratiques agricoles et à l’internationalisation des échanges. Par contre, les risques liés aux nuées ardentes et lahars sont en augmentation, lié à la présence humaine plus forte à proximité des volcans

Le risque volcanique « moderne » doit donc tenir compte de l’urbanisation de plus en plus forte à proximité d’un volcan.

 

Quelques grandes villes vivent sous la menace directe d’un volcan : Seattle, aux USA, vit sous la menace de lahars générés par le Mt Rainier ; Quito, capitale de l’Equateur, est proche de 3 volcans : le Cotopaxi, le Guagua Pichincha et le Pululagua ; Kagoshima est situé au pied du turbulent Sakura-Jima.

 

Dans l’Union Européenne, il y a plusieurs volcans qui peuvent menacer directement les habitants de certaines régions et être la cause de problèmes socio-économiques sérieux.

 

Vesuve--sept07-08-1024.jpgLe Vésuve dominant l'agglomération napolitaine - wallpaper Nat Géo / Photo Robert Clark.


Parmi les pays menacés, l’Italie est sans aucun doute le plus exposé aux risques volcaniques. Le Vésuve, aux abords de la grande cité de Naples est probablement l’un des volcans les plus potentiellement dangereux du Monde avec une population d’environ 600.000 personnes qui devraient être évacuées avant une future éruption et plus d’un million d’autres qui pourraient être soumises aux impacts des retombées de cendres volcaniques. Depuis la célèbre éruption de l’an 79 qui a détruit notamment les villes de Pompeii et Herculanum, le Vésuve a connu plusieurs autres éruptions catastrophiques de grande ampleur. L’absence d’activité depuis sa dernière éruption en 1944 et le fait que le cratère actuel soit obstrué par un bouchon de lave, créent des conditions qui peuvent favoriser une prochaine éruption explosive majeure. De la même manière, la zone volcanique des Champs Phlégréens, au Nord de Naples, compte environ 500.000 habitants qui sont potentiellement menacés en cas de reprise d’activité éruptive.

Plus au Sud, en Sicile, l’Etna connaît de fréquentes éruptions souvent effusives, mais il a été prouvé récemment que même une activité explosive de basse énergie peut causer des problèmes importants pour les communications, les infrastructures et l’économie de la région.

 

actu-13-6248-copie.jpg

Vulcano - Iles Eoliennes - toute la zone sous le cône de La Fossa s'est peuplée depuis la dernière éruption - © Bernard Duyck

 

Sur les îles voisines de l’archipel des Eoliennes, une reprise d’activité éruptive violente deVulcano, en sommeil depuis 1888-89, aurait également des répercussions importantes sur l’île qui s’est urbanisée de façon anarchique et même sur toute la région. Le Stromboli, quant à lui, bien qu’en activité permanente depuis plusieurs siècles, peut de temps en temps montrer une forme d’activité plus violente, et perturber la vie de ses habitants et des nombreux visiteurs.

 

Tenerife_hazards.jpg                        Carte des risques de l'île de Ténérife - sous la menace du Teide.


L’archipel des Açores (Portugal) comprend 9 îles volcaniques. La capitale, Ponta Delgada se trouve sur la plus grande d’entre-elles, Sao Miguel. La ville qui compte 75 000 habitants se situe à environ 15 km de la caldeira de Siete Cidades et à quelques dizaines de kilomètres des autres volcans actifs de l’île, le Fogo et le Furnas.

L’archipel volcanique des Canaries (Espagne) est également une zone où une éruption peut se produire. Notamment, sur l’île de Tenerife, le Pic de Teide (3 718 m) est à lui seul un danger potentiel important pour les populations alentour et les millions de touristes qui visitent l’île chaque année. Une éruption, même minime initialement, et dont l’évolution demeurerait incertaine, pourrait être désastreuse pour l’industrie touristique très développée sur Tenerife.

La même chose en Grèce, où Nysiros et Santorin témoignent d’une activité volcanique fumerollienne. La dernière activité sur Santorin – Nea Kameini – date de 1950.

 

16.4-13h-sdpiegel.jpgCarte de localisation du nuage de cendres de l'Eyjafjallajôkull à une altitude de 6.000 mètres, et du trafic aérien relégué dans une zone sud 'avions jaunes) - Der Spiegel 16.04.2010


En Islande, une île essentiellement volcanique, de nombreux volcans ont été actifs au cours de l’histoire passée et récente. L’éruption du Laki en 1783 a été à l’origine de l’une des plus grandes catastrophes, avec des répercussions importantes sur le climat du continent européen, y compris sur le climat social, les dégradations climatiques ayant même entraîné des famines.
Plus près de nous, l’éruption en 2010 de l’Eyjafjallajökull  a fortement perturbé le trafic aérien et prouvé la fragilité de notre mode de vie basé sur des échanges humains et commerciaux « en flux tendu ».

 

puy-dome-236182---C.DaCosta-l-internaute.jpg  Le Puit de Dôme dans un paysage verdoyant et calme - photo C. Da Costa / L'Internaute.


Voilà pour les volcans européens actifs au 20° siècle, mais il ne faut pas oublier les zones volcaniques actives à l’holocène, aire « récente d’un point de vue géologique » :  en Allemagne , où les dernières éruptions datent d’environ 11.000 ans pour le maar du Laaacher See et 10.000 ans pour le plus récent : l’Ulmener ; en Espagne, avec la zone quaternaire d’Olot active il y a  11.500+/- 1.100 ans ; et la France, où les dernières manifestations volcaniques dans le massif central sont datées d'à peine 5.000 ans.

 

 

Sources :

- Volcanologie – Jacques-Marie Bardontzeff – éd. Dunod

- Guide des volcans – M.Rosi & al. – éd. Delachaux et Niestlé

- Guide des volcans d'Europe et des Canaries - M.Krafft et de Larouzière - éd. Delachaux et Niestlé.

- Les risque volcaniques en Europe - Henry Gaudru, conseiller scientifique auprès des Nations-Unies pour la réduction des risques volcaniques SVE-UNISDR, commisssion internationale cities and volcanoes (IAVCEI)

- Futura sciences - le volcanisme de A à Z

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