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Par Bernard Duyck
Champs de lave de la péninsule de Reykjanes - Reykjanes lava fields - photo Talba / Flickr
La péninsule de Reykjanes, formant l'extrémité sud-ouest de l'Islande contient plusieurs grands champs de lave, tous parcourus de tunnels de lave, rapidement accessibles compte tenu de leur proximité avec l'aéroport et la capitale.
Péninsule de Reykjanes - tectonique - champs de lave et zones de haute température doc. ISOR
Le champ de lave Leitahraun, situé dans la péninsule de Reykjanes, provient des cratères Leiti, au sud-ouest des Blue Mountains. Une partie de la lave s’est écoulée vers la mer , vers l’anse Ellidaarvogur, s’étalant par endroit. Les pseudocratères Raudholar, proche de la capitale, font partie de ce champ de lave. Il est daté d’il y a 5.500 ans
Le champ de lave Svinahraun recouvre le Leitahraun entre Daugahlidar et Threngsli.
Péninsule de Reykjanes - le champ de lave
Leitahraun - photo steve's wildlive / Flickr
C’est dans ces coulées que s’est établie Raufarholshellir (Split mound cave). Ce tunnel, très accessible et à moins d’une heure de Reykjavik, est daté d’environ 5.000 ans. Sa longueur estimée est de 1.360 m., sa largeur varie de 10 à 30 m. pour un hauteur d’une dizaine de mètres.
Sa visite est conseillée l’été ; en hiver, une pellicule de glace rend la progression hasardeuse. La visite est facile dans les portions sans effondrement ; la partie distale se sépare en trois tunnels scellés dans la coulée Leitahraun.
Raufarholshellir - cascade de lave figée - photo extreme iceland
Dans le même champ de lave, le tunnel Búri a été découvert en mai 2005 par le volcano-spéléologue Björn Hróarsson.
Formé lors d’une éruption massive, le tunnel de lave possède des mensurations à sa hauteur : 1.025 m. de longueur, diamètre 10 mètres, et surtout une fosse terminale profonde de 17 mètres, considérée comme le plus grand gouffre de sur terre.
Mais elle se mérite : depuis la route, une heure de marche est nécessaire pour y accéder par une entrée très étroite, une chatière à la verticale … mais qui ouvre sur une grande salle couverte en hiver de stalactites et stalagmites de glace. Parcourir cette salle et en escalader sa pente de glace nécessite une excellente condition physique. Pour accéder au fond du gouffre, la maîtrise des techniques de descente en rappel ou sur des échelles de spéléo est indispensable.
Péninsule de Reykjanes - Buri lava tube - photo extreme iceland
Péninsule de Reykjanes - Buri lava tube : stalactites de lave et marques sur les parois - photo Steve's
wildlife / Flickr.
Péninsule de
Reykjanes - Buri lava tube - stalactites et stalagmites de glace en hiver - avec l'aimable autorisation de Michel Detay.
Péninsule de Reykjanes - Buri lava falls et le puit vertical - photo Karl Palsson
(voir aussi les spectaculaires photos de M. Detay)
Le champ de lave Tvibollahraun contient lui aussi de nombreux tunnels de lave, dont le plus représentatif est Floki, littéralement "le tunnel emmêlé".
Accessible après une marche de trente minutes, ce tunnel fait 1.096 mètres de long. Il est souhaitable de prendre un guide car, en raison d’une topographie complexe, il est facile d’y errer durant des heures.
Un équipement minimum est nécessaire, incluant combinaison et genouillères … par place, on peut s’y tenir debout, mais en d’autres endroits, il faut ramper.
On y trouve d’étranges figures d’étirement, évoquant avec un peu d’imagination des créatures fantastiques (dinosaures ou crocodiles) , certaines bien colorées de rouge.
Tvibollahraun lava field - Floki lava tube - photo extreme iceland
Tvibollahraun lava field - Floki lava tube - détail des étirements ... - photo extreme iceland
Je cite Ferlir pour son exceptionnelle coulée de lave multicolore, unique au monde.
Cette superposition de coulées de couleurs différentes a été rarement observée, car ce tunnel n’est pas cartographié et constitue sur plusieurs étages, un véritable labyrinthe; elle proviendrait d’un rétro-drainage d’une poche de lave vers le tube principal. Différents états de maturation, des vitesses de refroidissement et des états d’oxydation différents sont à l’origine des couleurs franches superposées, jaune, orange, verte, rouge.
Je vous réfère à la description de Michel Detay, dans son article de l’ENS (figure 16) ou dans la revue L.A.V.E.
Sources :
- Extreme Iceland - Caving in Iceland - link
- Icelandic lava tube / Flickr - photos de Michel Detay - link
- ENS Lyon - Les tunnels de lave islandais, leurs exceptionnels spéléothèmes et leur festival de couleurs - par M. Detay - link
- Revue L.A.V.E. 148 / janvier 2011 : Volcanospéléologie en Islande - perspectives scientifiques et émergence du géotourisme.
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