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Actualité volcanique, Articles de fond sur étude de volcan, tectonique, récits et photos de voyage

Macaronésie : les îles Canaries - 1.


CHAP_27-2.jpg
L'archipel canarien est formé de sept îles principales :Lanzarote, Fuerteventura, Grande Canaria, Tenerife, Gomera, La Palma et Hierro
, d'une superficie totale de 7.500 km².

776px-Map_of_the_Canary_Islands.svg.png
Construites sur un substratum où on retrouve de bas en haut :
- une croûte basaltique d'environ 180 Ma.
- une série sédimentaire mixte correspondant à la sédimentation marine dans l'atlantique et à des produits détritiques en provenance de la côte africaine.

Toutes ces îles sont d'origine volcanique. Les premières éruptions furent sous-marines, avec une accumulation de hyaloclastites et de pillow-lavas, avant l'émersion des îles. Les dynamismes furent ensuite variés, depuis des activités effusives jusqu'aux éruptions ignimbritiques.

Géochronologie :

Les roches les plus anciennes proviennent de Fuerteventura : entre 37 et 19 Ma.
Pour Lanzarote, le trachybasalte de la pointe Papagayo est daté de 19 Ma , les coulées basaltiques du nord de 12 à 6 Ma.
Grande Canaria : 18 à 14 Ma
Tenerife :les séries d'Anaga sont datées de 13,7 Ma au N. et 4,65 Ma au S.; la série Las Canadas de 1,54 à 0,6 Ma.
Gomera date pour ses plus vieux complexes de 15Ma; par contre les basaltes qui les surmontent datent de 11,6 à 5 Ma.
Hierro date de moins de 3 Ma.

CHAP_27-22.jpg Document : Volcanic evolution of Gran Canaria de H-U. Schmincke et M.Sumita

Donc, il ressort que les Canaries ont été le siège d'activités volcaniques depuis environ 20 Ma avec deux périodes plus intenses : entre 18 et 10 Ma, et depuis 5 Ma. Plus on se déplace vers l'ouest, plus les îles sont récentes.

Modèles suggérés pour l'origine des îles Canaries :

L'origine de ces îles est un sujet débattu au sein de la communauté scientifique. A ce jour, aucune théorie ne fait l'unanimité. Il est communément admis que le volcanisme océanique intra-plaque est relié à un point chaud. Cependant, la longue période d'activité de l'archipel ne colle pas parfaitement à ce modèle.

Plusieurs hypothèses ont été développées pour expliquer leur origine :
1. La théorie de la fracture propose l'existence d'une très longue fracture connectant les îles Canaries et les montagnes de l'Atlas. Lors d'une période d'extension, le magma emprunterait ce couloir. Les objections principales à cette hypothèse sont le manque d'évidence d'une telle fracture ainsi que l'absence de volcanisme entre l'Atlas et l'archipel espagnol.
2. La théorie du soulèvement de blocs tectoniques est basée sur l'évidence du soulèvement de différentes sections des îles. Un phénomène compressif engendrant un amincissement crustal serait la principale cause du magmatisme et du soulèvement des blocs formant les îles Canaries. D'occasionnelles diminutions des contraintes tectoniques auraient permis la remontée de magma. Ce modèle a été réfuté car il ne propose pas de mécanisme probant pour la genèse des magmas et n'explique pas la répartition spatiale et temporelle du volcanisme.
3. La théorie du rift des îles Canaries propose une structure régionale d'extension active au Cénozoïque. Les objections à cette hypothèse sont que la lithosphère autour des îles est d'âge jurassique et que les directions des dykes sont différentes dans les states sous marins des différentes îles.
4. Le point chaud classique. Un des problèmes soulevés par ce modèle est que la lithosphère océanique sous les îles Canaries est froide, alors qu'elle est habituellement chaude dans une région de point chaud. Le volcanisme sub-aérien montre une progression irrégulière vers l'Ouest. Certaines îles battent des records d'activité volcanique (depuis 39 MA pour Fuerteventura, par exemple) alors que d'autres montrent un arrêt de toute activité depuis des millions d'années. Contrairement au système de point chaud traditionnel, les îles les plus vieilles (les plus occidentales) ne présentent pas de phénomène de subsidence.

5. Un modèle unifié proposé en 2000 se base sur les théories des points 1, 2 et 4. De la théorie des blocs soulevés, il retient que les îles sont dues à l'action de forces tectoniques compressives. De la théorie de la fracture, il retient le rôle de l'existence d'une fracture régionale pour la mise en place du magmatisme. Du modèle du point chaud, il retient que les îles doivent leur origine à une anomalie thermique.
(Eric Reiter - Terre & volcans)

Les études géophysiques ont montré que le Moho était situé à 16 km.sous Ténérife et à 11 km. à l'ouest des îles.
De grandes failles, à jeu vertical important ont été mises en évidence sous les Canaries.

Rincon 0240Document M.Krafft - Guide des volcans d'Europe et des Canaries.

Instabilité des îles volcaniques et risques naturels :

Les îles volcaniques sont caractérisées par un cycle construction-destruction, cette destruction étant liée à des éruptions, des glissements de terrain et autres effondrements.
Dans le cas des canaries, un risque de catastrophe naturelle pèserait sur tout le pourtour de l'océan atlantique du au fait de l'instabilité prévue de l'île de La Palma et de son volcan Cumbre Vieja.
Ce point mérite d'être développé dans un chapitre particulier.

Histoire :

Les canaries étaient sans doute habitées vers 3.000 av.JC; le peuplement se serait fait en deux vagues : des hommes de Cro-Magnon d'abord, des berbères d'afrique du nord ensuite, au cours du 1° millénaire av.JC.
Les îles urent touchées par les phéniciens puis par les égyptiens, à la recherche d'argent, d'étain et de pourpre.
Les romains connaissaient ces îles et Pline l'ancien cite "Canaria", ainsi nommée parce qu'un grand nombre de chiens y vivait.
A partir de la seconde moitié du 13° siècle, des aventuriers génois, portugais ou castillans y firent des rapines au détriment de ceux que l'histoire appellera les Guanches, de gwan chin, "les enfants du grand volcan", habitants de Tenerife.

canarie-gdc-las-palmas-museecanari-venus-guancheDéesse de la fertilité Guanches.

En 1312, les îles sont redécouvertes par le génois Lanceletto Malocello qui aborde à Lanzarote et lui lègue son nom.
En 1402, un conquistador français, Jean de Béthencourt, aborde à son tour ... dès lors, ces terres lointaines allaient lier leur destinée à celle des pays européens. S'en suivent des luttes durant des années entre guanches et Espagnols. En 1495, les guanches sont écrasés et subissent l'anéantissement de leur culture jusqu'à perdre leur langue.
Una anecdote liée à la volcanologie : Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, naturaliste et géographe, intéressé par la botanique et la volcanologie, correspondant de l'Institut de France, publie en 1804, un "Essai sur les îlles fortunées" et "Voyage dans les quatre principales îles des mers d'afrique", où il s'intéresse à Ténérife dans le deuxième chapitre
Texte complet : http://humboldt.mpiwg-berlin.mpg.de/Bory_LiSe/

Sources :
- "Volcanism" de H-U.Schmincke
- "Volcanic evolution of Gran Canaria reconstructed from apron sediment" de H-U.Schmincke & M.Sumita
- "Guide des volcans d'europe et des Canaries" de M.Krafft & F.D.de Larouzière
- "L'archipel des Canaries" par Eric Reiter - Terre & volcans
- "Canaries" - guide Evasion


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