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Actualité volcanique, Articles de fond sur étude de volcan, tectonique, récits et photos de voyage

Mauritanie : l'énigme de "l'oeil de l'afrique".

 

Richat-Mauritani---nasa.jpg

 Le Guelb er Richât, vu de l'espace - Image courtesy NASA/GSFC/MITI/ERSDAC/JAROS, and U.S./Japan ASTER Science Team

 

Richat_Structure_-_SRTM---image-Atamari.jpg                       Vue oblique du Guelb er Richât  -  SRTM - doc. Atamari

 

Cette structure en forme d'oeil est appelée structure de Richat, ou Guelb er Richât, ou encore dôme de Richat, . Elle est située en Mauritanie, dans le désert de Maur Adrar, aux confins du massif de l'Adrar et de l'erg de Majâbat Al Koubra.

Elle a été visitée par des géologues dont Théodore Monod dès les années 1950. L'Institut géographique national français la signale dans ses cartes au 1/200.000° en 1963.

Eu égards à ces impressionnantes mensurations - un diamètre de 50 km. et des dénivellés de 30 à 40 mètres - elle est devenue ensuite un point de repère pour les astronautes.

Du sol, il est difficile de saisir le côté circulaire de la structure.

 

Guelb-er-Richat.jpg                         Guelb er Richât - vue "interne" - photo norbert Brügge.

 

Le terme pluriel de Richat ou Richât (Rich au singulier), proviendrait d'un mot assanya (langue arabe parlée en Mauritanie) signifiant « les plumes » ou « les bras de plumes », faisant allusion aux formes de mini cuesta circulaires. 

Peu de personnes vivent dans le guelb, sauf à proximité d'une mine de cuivre... mais des traces d'occupation humaine ancienne s'y trouvent (aiguilles, pointes de lances).

 

 

Les diverses hypothèses :


Elle fut considérée à l'origine comme un cratère d'impact ... cette hypothèse fut abandonnée par la suite en raison de l'absence de zone plate centrale et de roches choquées.

 

Théodore Monod publia dès 1973, dans ses "Souvenirs sahariens d'un vieux géologue amateur" , des hypothèses proches de l'explication communément acceptée aujourd'hui :

" L'Adrar m'a également amené à m'intéresser aux accidents circulaires du Sahara Occidental, de types variés bien entendu et le plus beau d'entre eux (notre ami André Cailleux ne me démentira pas, il a déjà deviné de quoi il s'agit, parce que je l'ai traîné jusque-là) ce sont les Richât. Les Richât, c'est une fenêtre dans les grès de Chinguetti, ouverte dans le plateau. Elle a cinquante kilomètres de diamètre, et est à peu près complètement ronde. L'intérieur de cette immense surface est occupé par une série de cuestas aux pendages périclinaux,disposées autour d'un guelb central où l'on atteint la partie la plus ancienne. Ces Richât ont posé des quantités de problèmes et en posent encore, la question est loin d'être entièrement clarifiée, mais nous avons publié en 1973, dans le périodique Sciences de la Terre de Nancy, un volume collectif : historique, bibliographie générale, esquisse géographique, pseudo-boutonnière des Richât, caractères géomorphologiques, stratigraphie, tectonique, "gravity reconnaissance at Richât", pétrographie, paléontologie, conclusions etc. La conclusion à laquelle nous étions arrivés (la conclusion est à la fois de Pomerol et de moi), c'est qu'il s'agit essentiellement d'un dôme sectionné par l'érosion, ce qui ne veut pas dire qu'il ait existé nécessairement un relief qui ensuite a été découpé en tranches ; il est en effet possible que la vitesse de montée du dôme ait été équilibrée par la vitesse de sa destruction par l'érosion puisque les sables qui sont au Sud des Richât ont été en bonne partie nourris par la destruction de ce dôme. Mais c'est beaucoup plus compliqué que cela, parce que c'est un vrai musée pétrographique, ces Richât, on y trouve des roches basiques, bien entendu, des dolérites ce qui est banal, mais également des roches grenues, des gabbros, et même presque un granite qui est décrit dans la partie pétrographique de l'ouvrage. Il y a des analcimolites dont la genèse reste toujours discutée et discutable. Bien entendu, il existe une théorie volcanique ; la première fois que j'ai vu des analcimolites, en 1934, je ne savais pas tellement ce que c'était ; j'ai cru que c'étaient des rhyolites plus ou moins altérées, d'autres l'ont pensé aussi mais certains croient à une origine sedimentaire des analcimolites. On n'en aura le coeur net que lorsqu'on aura fait un sondage dans ce que l'on appelle la Sebkha du Guelb, actuellement colmatée par des dépôts quaternaires, bien entendu.

Richât est un pluriel qui veut dire "les plumes". Le singulier Rich signifie une plume, nom donné à chacune des cuestas concentriques.

C'est une structure complètement ronde, il y a même une bordure et l'impression, quand on fait la carte de la répartition des analcimolites, est que ces roches ont "coulé" dans les dépressions subséquentes de la topographie actuelle, à partir de cette Sebkha du Guelb. Enfin, pour l'instant on ne sait pas encore ce qu'il y a sous celle-ci.

Il y a ici bien d'autres curiosités, notamment des carbonatites qui sont très à l'ordre du jour maintenant. Beaucoup d'auteurs s'intéressent à ces roches ; elles se présentent là-bas à la fois sous forme de filons, de dykes et j'ai trouvé aussi deux necks, deux pipes verticaux entraînant des minéraux du socle. On ignore à quelle distance se trouve celui-ci, la gravimétrie n'a rien donné, les Américains sont venus faire des mesures ils n'ont pas l'impression qu'il puisse y avoir un batholithe, à proximité de la surface."

 

Depuis les années 2000, on pense que la structure de Richat est issue d'une forme rare de volcanisme géant, datée du crétacé (100 Ma) qui a créé un dôme magmatique associé à des remontées géothermales. Le terrain située au dessus du dôme, composé de sédiments déformés par la poussée, a fini par s'effondrer totalement à la suite d'une longue érosion des couches calcaires. Les quartzites composant les couches alternant avec le calcaire, ont mieux résisté et forment les anneaux résiduels concentriques de la structure.

Le Richat s'inscrit dans le contexte géodynamique du démantèlement de la Pangée, au moment de la séparation finale des plaques africaine et sud-américaine; cette période est caractérisée par une activité anormale alcaline sur les bordures continentales de l'océan Atlantique, généralement associée au développement de divers points chauds indépendants (G.Matton)

 

Quoiqu'il en soit, des sills et des dykes de dolérite (*1) affleurent à différentes places de la structure. La présence de roches riches en analcime (*2) est interprétée par certains comme le résultat d'une altération hydrothermale de sills et dykes de rhyolite.

 

(*) 1. La dolérite est une roche magmatique très peu vitreuse, de structure intermédiaire entre celle, microlitique, d’un basalte et celle, grenue, d’un gabbro. Cette roche magmatique a cristallisé plus lentement, généralement dans des filons en milieu continental ou océanique ; ses grains sont fins mais observables à la loupe.

Dans les dolérites s’observent soit de grands cristaux de pyroxène englobant de petites lattes de plagioclases, soit des lattes de plagioclases jointives ménageant des interstices occupés par de petits cristaux de pyroxène.

 

2. L' analcime est une zéolite fréquente survenant dans des cavités de roches volcaniques mafiques altérés, et est un constituant important de sédiments volcanoclastiques qui a été affectée par un métamorphisme d'enfouissement ou par altération hydrothermale.

 

Sources :

- Théodore MONOD  - Travaux du Comité français d'histoire de la géologie, deuxième série, Tome 4, 1986 - Souvenirs sahariens d'un vieux géologue amateur.

- Le complexe crétacé du Richat (Mauritanie) ... -par Guillaume Matton / Univ. du Québec - link

- Structures of probably magmatic doming origin in North Africa - Guelb er Richat - par Norbert Brügge, géologue. - link

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S
En tout cas si ceci est d'origine volcanique c'est trompeur car moi je n'y vois qu'un impacte dans le tuff près de la mers
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