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Par Bernard Duyck
Vers 1860, le directeur des fouilles à Pompéi, Giuseppe Fiorelli, mit au point une ingénieuse méthode de moulage permettant de "visualiser" les corps organiques emprisonnés dans les coulées de l’éruption.
En versant du plâtre liquide dans les espaces vides laissés dans les couches de pierre ponce et cendres compactées, des corps d’humains et d’animaux, emprisonnés jadis dans cette gangue et décomposés au cours du temps, apparaissent dans l’attitude qui fut la leur au moment où la mort les a surpris.
Des cadavres furent ainsi révélés, en 1863, dans la "Vicolo degli scheletri " ; la ruelle étroite, bordée de grands murs sans fenêtres, avait été remplie par des matières volcaniques jusqu’à 5 mètres de hauteur … et c’est à cet endroit qu’on a trouvé des cadavres séparés les uns des autres. Leur expression différente laisse supposer de plus ou moins grandes souffrances au moment de la mort : une femme est couchée sur son côté dans une pose tranquille et naturelle ; elle doit avoir été asphyxiée rapidement par des dégagements gazeux et est morte sans convulsions. Une jeune fille est couchée à plat ventre plus loin, la face appuyée sur son bras gauche et les jambes crispées, une main tient un pan de sa robe dont elle a essayé de se couvrir … elle est morte dans d’affreuses souffrances ! Un troisième cadavre a les mains fermées convulsivement et ses vêtements sont repoussés dans les mouvements de l’agonie.
Un chien retrouvé à un autre endroit n’a pas eu une fin tranquille, et semble avoir suffoqué avant d’y rester, les pattes battant l’air.
photo claus Ableiter
Pompéi - "Le jardin des fugitifs" - les positions des corps attestent d'un combat
pré-mortem ... surtout pour celui du fond - photo Lancevortex.
A Herculanum, située sur une falaise surplombant la mer, la cité fut ensevelie sous une succession de coulées et surges pyroclastiques. Les squelettes de 80 personnes qui avaient trouvé refuge dans les abris à bateau bordant la plage en contrebas ont été découvertes dans les dépôts du premier surge.
Herculanum - les hangars à bateaux - photo Matthias Holländer.
Herculanum - les squelettes retrouvés dans les hangars à bateaux - photo BobFog
Bien que protégées d’un impact direct, elles ont été tuées par le surge, dont la température s’était brutalement abaissée à environ 500°C : elles sont mortes instantanément, à cause d’un choc thermique fulgurant, sans asphyxie comme à Pompéi.
Il a été prouvé qu'une exposition à un surge à au moins 250°C, à une distance de 10 km. de l'évent, est suffisant pour causer
la mort d'une personne, même à l'intérieur d'un immeuble.
La posture naturelle des squelettes a été préservée ainsi grâce à la conservation des connections anatomiques entre leurs os. L’aspect des fissures dans l’émail dentaire et la coloration des os indiquent une température de près de 500°C, compatible avec celle déterminée par paléomagnétisme sur une tuile à l’extérieur des abris à bateau. Ces êtres humains n’ont pas eu le temps de développer une réaction de défense, leurs mains et leurs pieds se sont contractés en une seconde sous l’effet thermique et la position des corps fixée par une déflation soudaine du lit de cendres. Leurs tissus mous furent vaporisés, et leurs restes recouvert par les dépôts pyroclastiques.
La notoriété d'Herculanum a été éclipsée par celle de Pompéi, mais le site regorge de témoignages bien conservés sous
d'épaisses couches de pyroclastes. Dans une boutique attenante à la maison de Neptune et Amphitrite, on a retrouvé le comptoir et la mobilier en bois ... carbonisé, mais portant des amphores
alignées sur les étagères.
Herculanum - Maison de Neptune et Amphitrite - photo T. Brighton
Sources :
- Herculaneum victims of Vesuvius in AD 79 - The eruption’s first surge instantly killed some people sheltering from the impact. - par G. Mastrolorenzo & al. - link
- Lethal thermal impact at periphery of pyroclastic surges : evidence at Pompéi - link
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