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Par Bernard Duyck
D’Olot vers Santa Pau, nous trouvons de nombreux cônes volcaniques ; il faut choisir parmi les plus connus : le volcan de Santa Margarida et le Croscat.
Zone volcanique de Santa Pau - doc. Santa Pau nucli antic.
Volcà de santa Margarida et son ermitage au centre du cratère -
photo carquinyol.
Santa Margarida, facilement accessible, est un cône strombolien haut de 110 mètres posé sur une base d’un diamètre de 1.200 mètres. Il est vieux de 11.000 ans.
L’analyse des dépôts révèle une phase d’activité strombolienne, avec des scories ; la phase suivante fut de type phréatomagmatique accompagnée d’émissions abondantes de cendres.
Des dépôts pyroclastiques recouvrent le tout, mais ils proviennent de son voisin, le Croscat. Une absence de paléosol entre ces couches laisse penser à une activité contemporaine de ces deux volcans.
Le cratère circulaire, d’un diamètre de 350 mètres et une profondeur de 70 m., abrite un ermitage, dédié à Sainte Marguerite.
photo de l'ermitage : Toni.
La visite du volcan Croscat, le plus jeune de la péninsule Ibérique, est incontournable : l’entaille qui laisse à découvert ses plis et ses strates est impressionnante ; elle a permis de comprendre son activité qui s’est faite en plusieurs phases : une strombolienne, dont les pyroclastes ont recouvert ses voisins, le Santa Margarida et le puig de Martinva. La dernière phase fut effusive : elle s’est écoulée sur 6 km.vers l’ouest et a égueulé la structure, désormais en fer-à-cheval.
Volcà del Croscat , égueulé côté ombre et entaillé côté soleil - photo Carquinyol.
Volcà del Croscat - l'entaille dans le cône de scories dévoile son anatomie - les personnages sur la plate-forme aménagée donnent l'échelle - photo Frivière
Cette coulée basaltique s’est déplacée sur un terrain marécageux, transformant l’eau en vapeur. De grosses bulles de gaz se
sont ainsi formées, déformant la croûte durcie et édifiant de petites collines hautes d’une dizaine de mètres, appelées localement "tossols ".
Tossol dans la hêtraie de
Fageda d'en Jorda. - photo SantiMB / Flickr
Les structures évoquées ci-dessus - doc. Volcans a Catalunya / Fjorda.
Une immense hêtraie , la Fageda d’en Jorda, s’est ensuite développée sur le terrain recouvrant cette coulée.
La
hêtraie de Fageda d'en Jorda, magnifiée par la photo de MorBCN / Flickriver.
Santa Pau - une huile sur toile de J.P. Ventura ( 55 x 46 cm.)
Mais ici tout n'est pas que volcans : dans la région, le moyen-âge a eu une importance énorme : comtés indépendants et monastères se côtoient, comme en témoignent encore les châteaux, les villes fortifiées, les églises et autres palais.
Santa Pau, le centre médiéval - photo Turespana.
Santa Pau se distingue par son centre historique médiéval. La Vila Vella, la place de La Arqueria, le château et l'église de Santa María composent un village unique, teinté de charme et de magie.
Une spécialité "pétaradante" de la cité : les "fesols de Santa Pau ", des haricots blancs, base de plats
locaux.
Besalu et son pont médiéval à payage - photo Costasespagne.
Entrée sur la Garrotxa, Besalú constitue un comté indépendant depuis le 9°siècle ; un pont fortifié, à dos d’âne et à angle droit, sur la rivière Fluvià, y fut érigé au 12°siècle : il servait de point de péage pour entrer dans la région. Une communauté chrétienne y cohabita, entre le 9° et le 15° siècle, avec une communauté juive entreprenante. C’est ainsi qu’on y retrouve une abbaye Bénédictine, qui abrita en 1077 un concile dans la continuité de celui de Gérone, et aussi les vestiges d’un mikveh, un bain rituel de purification juif.
Le mikveh de Besalu - photo Cap Catalogne.
Le mikveh superbement mis en valeur, se présente sous la forme d'une salle souterraine de style roman en pierre de taille avec une fenêtre meurtrière à l’est, une voûte en berceau et un bassin. L’entrée du bain se fait par un escalier menant au déshabilloir ; le bassin apparaît en contrebas à travers une baie géminée à colonnette hexagonale. L’eau sort d’une gargouille, symbole de passage … elle est naturelle et renouvelée en permanence par la nappe souterraine, selon des exigences rabbiniques. C’est la raison pour laquelle le mikveh était situé à quelques mètres de profondeur.
On venait ici s’immerger afin de purifier son âme. La femme juive sacrifiait à ce rituel après ses menstruations, après l’accouchement et avant le mariage. L’homme, quant à lui, se rendait au bain chaque vendredi avant le coucher du soleil, c'est-à-dire avant le sabbat, ainsi que lorsqu’il avait été en contact avec un mort.
Suite des volcans espagnols ... l'an prochain.
Sources:
- Parc Natural de la zona volcanica de la Garrotxa.
- Les villages médiévaux de la Costa Brava
- Garrotxa - Cap Catalogne
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